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Les prédicateurs d'une religion sans clercs et libérée de domination cléricale s'oposent ŕ l'Eglise des privilégiés, appelant au combat pour la liberté d'esprit dans la pauvreté évangélique du christianisme des temps apostoliques. En février 1198, oů Lothaire de Segni accčde ŕ la chaire de Pierre sous le nom d'Innocent III, la foi chrétienne recouvre l'Espagne maure, investit les derniers réduits du paganisme en Europe centrale, conquiert les rives de la Baltique et déborde męme les steppes russes, tandis que dans les pays de la vieille chrétienté occidentale elle est menacée par les hérésies. La conjonction de visions théologiques et d'aspirations morales avec des oppositions et des tensions en matičre temporelle, entre richesse et pauvreté, sacerdoce et laďcat, qui, aprčs l'avčnement d'Innocent III, placent l'orthodoxie dans une situation extręmement périlleuse pour l'Eglise et pour la société établie. (1) La plus grave menace pour l'unité du christianisme européen émane de l'hérésie cathare professant le dualisme, absolu ou modéré, qui s'installe dčs le milieu du XIIe sičcle sur la péninsule italienne, en France, dans les cités en bordure du Rhin et sur la côte est de l'Adriatique. (2) Sur le plan doctrinal, les cathares médiévaux font suite aux mouvements dualistes: manichéen, paulicien et bogomile. C'est leur pessimisme ŕ l'égard de l'homme et de son destin qui les éloigne du christianisme traditionnel. Les controversistes et les polémistes latins confondent les cathares avec les albigeois languedociens, les patarins italiens, les 'chrétiens' de Bosnie et de Hum (Herzégovine) et tous les hétérodoxes professant le dualisme. (3) Ecclesia (catharorum) Dalmatiae (1167) Le dominicain piémontais Anselme d'Alexandrie explique les origines du mouvement dualiste dans l'Occident médiéval. "Venus ŕ Constantinople en esprit de conquęte" - écrit-il dans son Traité des hérétiques, rédigé vers 1260/1270 - "des Français rencontrent la secte hérétique, adhčrent ŕ leurs croyances, se multiplient au point de former une église autochtone avec son évęque (...) puis, quelques-uns de Slavonie, c'est-ŕ-dire du pays appelé aussi la Bosnie, se rendent ŕ Constantinople pour des raisons de commerce; rentrés chez eux, ils pręchčrent les doctrines nouvellement acquises et, ayant accru leur nombre, ils constitučrent une église dont le chef spirituel se nomme évęque de Slavonie ou de Bosnie". (4) La parution des cathares en Slavonie ou en Bosnie se situe entre l'arrivée des Français sur les rives de Bosphore durant la seconde croisade (1143-1147) et l'extension de l'hérésie dualiste en France et dans la péninsule italienne. Devant l'assemblée cathare, qui, en mai 1167, réunit les albigeois ŕ Saint-Félix-de-Caraman, l'hérésiarque Niquinta, chef des dualistes absolus de Constantinople, mentionne Eglise des communautés cathares de Dalmatie, vivant en bonne entente et en paix avec les églises des Balkans et de l'Asie Mineure, qui sont organisées de maničre qu'aucune d'elles n'agit ŕ l'encontre des autres". (5) Innocent III et l'hérésie des 'chrétiens' de Bosnie et de Hum Dans les premičres années du pontificat d'Innocent III, les cathares des villes dalmates s'infiltrent dans les régions montagneuses de Bosnie, gagnent la confiance d'un nombre croissant d'adeptes qui finissent par abandonner la pratique des sacrements de l'Eglise romaine pour suivre leurs enseignements hétérodoxes. Les milieux intellectuels confondent les 'chrétiens' bosniens avec les sectaires cathares, patarins et manichéens, leurs reprochant d'enseigner le dualisme. (6) Les Actes du rassemblement de Saint-Félix-de-Caraman constituent le plus ancien document sur la présence des communautés cathares le long du littoral croate. Chassés des villes de Split et de Trogir, au tournant du XIIe-XIIIe sičcles, les hérétiques dalmates se réfugient en Bosnie, oů le prince Kulin, vassal du roi de Hongrie et de Croatie, les reçois semble-t-il ŕ bras ouverts, les considérant meilleurs chrétiens que les catholiques eux-męmes. (7) Vukan, prince de Dioclée (actuel Monténégro), avertit la Curie romaine sur l'apparition de l'hérésie dans son voisinage bosnien. Dans sa lettre, enregistrée 'la deuxičme année du pontificat d'Innocent III', c'est-ŕ-dire entre le 21 février 1199 et le 20 février de l'année suivante, le seigneur diocléen informe le souverain pontife qu'une "hérésie dangereuse parut dans les terres du roi de Hongrie, c'est-ŕ-dire en Bosnie". (8) Les nouveaux hérétiques ont déjŕ séduit le prince Kulin, seigneur de Bosnie, sa famille et plus de dix mille chrétiens. (9) Autour de l'année 1200, Bernard, archevęque de Split, ouvrit un procčs contre Matthieu et Aristode, fils de Zorobabel, citoyen de Zadar originaire des Pouilles, pour cause de l'hérésie. L'archevęque reprochait aux deux frčres, excellents orfęvres et peintres, experts en langues latine et slave, de pręcher les doctrines hétérodoxes sur le territoire de l'Eglise salonitaine. Lors du procčs on apprit que les accusés se rendaient trčs souvent en Bosnie. L'archevęque les expropria de leurs biens et les chassa de Split et de son archidiocčse. Conscients de la gravité de situation, Matthieu et Aristode reconnurent leurs fautes, abjurčrent l'hérésie, et leurs biens leurs furent restitués. (10) Le 11 octobre 1200, le pape Innocent III informe Emeric, roi de Hongrie et de Croatie, d'apprendre qu'aux "patarins, que Bernard, archevęque de Split, avait récemment chassé des villes dalmates Split et Trogir, le noble homme Kulin, 'ban' de Bosnie, avait offert l'asile et l'appui, exposant ŕ la méchanceté hérétique son pays et soi-męme, réservant ŕ ces hérétiques plus d'honneur qu'aux catholiques męmes appelant ces scélérats 'chrétiens par excellence'. (11) Ce nom sera désormais le synonyme préféré des adeptes de l'Eglise hérétique bosnienne. L'expression 'antonomasice christianos' de la lettre d'Innocent III prouve que la réaction du souverain pontife suit de prčs l'accusation du prince de Dioclée contre le seigneur de Bosnie. Dans sa lettre, le pape insiste auprčs de roi Emeric pour qu'il prenne les disposition contre son vassal, si Kulin ne change pas d'attitude envers ces patarins et n'exproprie pas les hérétiques endourcis de leurs biens. (12) Le 'ban' Kulin, informé par son suzerain, envoya les représentants de ces 'chrétiens' gravement suspects d'hérésie pour s'expliquer des accusations devant le Sičge Apostolique. A leur retour de Rome, ils présentaient semble-t-il de faux documents légalisant leur maničre de vivre en communautés doubles. (13) Innocent III, le 21 novembre 1202, résume ŕ l'archevęque de Split la teneur de sa missive adressée au roi de Hongrie et de Croatie deux ans plus tôt. Le souverain pontife informe le primat de Dalmatie et de toute la Croatie que dans les terres du prince Kulin, c'est-ŕ-dire en Bosnie, "demeure une multitude d'hommes qui sont véhémentement suspects et gravement compromis de l'hérésie condamnée des cathares". (14) Par l'intermédiaire de l'archevęque ragusain, ayant les droits métropolitaines sur le diocčse de Bosnie, le prince Kulin se défend devant Innocent III de son incompétence en matičre théologique et demande au souverain pontife d'envoyer son représentant en Bosnie, afin d'examiner les 'chrétiens' suspects d'hérésie avant de prendre une décision déterminée et définitive. (15) L'abjuration des 'chrétiens' bosniens ŕ Bilino polje (1203) Le pape Innocent III, qui, ŕ plusieurs reprises, avait manifesté sa résolution d'arranger le problčme par voie diplomatique, nomma Jean de Casamare, son chapelain personnel, ŕ la tęte de la légation pontificale en Bosnie. Le représentant d'Innocent III arriva en Bosnie vers la fin de 1202. Sa tâche a été quelque peu facilitée, puisque le 8 avril 1203 déjŕ ŕ la plaine de Bilino sur les bords de la rivičre Bosna, oů se situe la ville actuelle de Zenica, en présence de Jean de Casamare, du 'ban' Kulin, des autorités ecclésiastiques et civiles et du peuple, les sept prieurs de ces 'chrétiens' abjurčrent publiquement "l'hérésie manichéenne (dont ils furent) suspects et diffamés" promettant de suivre désormais la seule doctrine enseignée par l'Eglise romaine. Le męme cérémonial eut lieu le 30 avril ŕ l'Ile Royale (Czepel) en présence d'Emeric, roi de Hondrie et de Croatie. (16) Lesdits "prieurs des hommes appelés singuličrement jusqu'ici ŕ la prérogative du nom de 'chrétien' sur le territoire de Bosnie, en présence du seigneur Jean de Casamare, envoyé du souverain pontife et de l'Eglise romaine délégué ŕ cette fonction en Bosnie, en présence aussi du 'ban' Kulin, seigneur de Bosnie, (promettent) devant Dieu de rester fidčles ŕ l'Eglise romaine et de vivre selon ses prescriptions. En premier lieu (ils renoncent) au schisme dans lequel (ils étaient) déshonnorés, (reconnaissant) l'Eglise romaine (leur) mčre comme la tęte de toute l'unité ecclésiastique, et en toutes leurs maisons oů il y a une communauté de frčres, (ils auront) des oratoires dans lesquels (se réuniront) les frčres pour chanter publiquement les matines de nuit et les heures du jour" (...) En ce qui concerne les femmes de leur fraternité (religion!), "elles seront séparées des hommes tant aux dortoirs qu'aux réfectoirs et aucun frčre ne conversera seul ŕ seul avec elles, de telle maničre qu'on puisse les soupçonner de mal. Et par ailleurs (ils ne recevront) aucun homme ni aucune femme mariée, ŕ moins que tous deux ne prennent cette orientation simultanément d'un consentement mutuel et sous promesse de continence". (17) Ils s'engagent aussi de "célébrer les fętes des saints (...) et se garder de recevoir pour habiter avec eux aucune personne dont ils auront la certitude qu'il est manichéenne ou d'une autre hérésie". Les 'chrétiens' bosniens promirent aussi d'avoir des autels et des croix dans toutes leurs églises, de lire les livres du Nouveau et de l'Ancien Testament, comme le fait l'Eglise romaine et, pour se distinguer des autres séculiers par la vie et par le comportement, ils s'engagent ŕ porter des vętements fermés, non colorés et mesurés jusqu'aux pieds. Ils s'engagent aussi de s'intituler désormais 'frčres' et non 'chrétiens par excellence', pour que la singularité du nom ne porte pas le préjudice aux autres chrétiens. (18) Fidčle ŕ son projet de ramener sous l'autorité de l'Eglise tous les enthousiastes de la vie évangélique, le pape Innocent III se déclare pręt ŕ confirmer les statuts des 'chrétiens' bosniens, qui, le 8 et le 30 avril 1203, promirent de vivre conformément aux institutions prescrites par Rome. (19) Sur le modčle des 'chrétiens' de Bosnie et de Hum le pape Innocent III reconnut, en 1208 et 1210, les nouvelles fraternités des 'pauvres catholiques' de l'Aragonais Durand de Huesca et des 'humiliés' italiens de Bernard Primm. (20) Animé de l'esprit réformateur de Grégoire VII, dont il est le fidčle continuateur, Innocent III avait permis ŕ ces derniers de vivre dans des communautés doubles. (21) La résurgence hérétique en Bosnie L'assassinat des légats pontificaux ŕ Saint-Gilles, en janvier 1208, incita Innocent III de solliciter l'appui de Philippe-Auguste, roi de France, pour apaiser les tensions. Aprčs le massacre de Béziers, en 1209, oů les croisés, dit-on, avaient reçu la consigne "tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens", le cardinal-légat Conrad d'Urach intervient comme médiateur de la paix et défenseur de l'orthodoxie. Invitant l'épiscopat français ŕ Sens, le jour de l'octave des saints Pierre et Paul en 1223 pour discuter l'affaire des albigeois, l'envoyé pontifical affirme que les "hérétiques albigeois avaient reconnu comme pape un hérésiarque résidant dans les terres bosniennes, en Croatie et en Dalmatie, proches de la nation hongroise. (...) Un homme corrompu du pays des albigeois, Barthélemy de Carcassonne, représentant de ce pape, signe ses lettres 'Barthélemy, serviteur hospitalier des serviteurs de la sainte foi, ŕ un tel, salut'. Et, chose affreuse ŕ dire et terrible ŕ entendre, il nomme de nouveaux évęques et s'efforce d'organiser des églises de perfidie". (22) La lettre du légat pontifical Conrad d'Urach nous permet de reconstituer un lien direct entre les cathares languedociens et les 'chrétiens' de Bosnie et de Hum. Le nom de l'envoyé du pape des hérétiques apparaît, ŕ maintes reprises, dans les dépositions devant l'Inquisition de Carcassonne et dans d'autres écrits de l'époque. Barthélemy de Carcassonne échoua, paraît-il, dans sa tentative de convertir les albigeois, adeptes du dualisme absolu, ŕ la foi des hétérodoxes de l'ordre slavon, plus modéré, et avec cet épisode semblent disparaître les liens directs des cathares français avec leurs coreligionnaires slavons. Il semble toutefois que les patarins dalmates et les 'chrétiens' bosniens, que l'auteur anonyme du traité De heresi catharorum in Lombardia, contemporain du pape Innocent III, et les controversistes italiens du XIIIe sičcle désignent sous le nom de l'ordre slavon, avaient introduit les croyances dualistes de tendance modérée dans des cités lombardes: Bagnolo, Concorrezzo, Mantoue, Vicence, etc. (23) Dčs le milieu du XIIIe sičcle, les traces des communautés cathares disparaissent des villes italiennes et la résurgence du catharisme languedocien sera anéantie par les efforts conjoints de l'Inquisition et du bras séculier. Les historiens enregistrent ŕ peu prčs le męme phénomčne dans les Balkans, oů les Eglises nationales bulgare, grecque et serbe, assistées des autorités civiles, pourchassaient avec une violence inouďe les hérétiques connus sous divers noms, tels les arméniens, babounes, bogomiles, euchites, koutougučres, messaliens, patarins, pauliciens, phoundagiagites etc. Les hétérodoxes 'chrétiens' de Bosnie et de Hum rejettent les efforts du pape d'Innocent III et de l'Eglise romaine pour les ramener ŕ l'unité, s'infiltrent dans le clergé du diocčse catholique du męme nom et attirent la confiance de la population, qui finalement abandonne la pratique des sacrements et de la foi catholique. Les archives de l'Inquisition piémontaise du XIVe sičcle retiennent les noms de 'bons hommes' qui se sont rendus "en Bosnie pour y apprendre de façon intégrale et parfaite la doctrine hérétique auprčs des maîtres bosniens". (24) L'Eglise des 'chrétiens' de Bosnie et de Hum Les insistances des auteurs catholiques, latins et glagolitiques croates, sur le dualisme des 'chrétiens' bosniens ne peuvent s'appuyer sur les sources hétérodoxes du pays. Quelques témoignages affirment que les pauliciens bulgares lisaient les textes bibliques des manuscrits slavons copiés en Bosnie aux XIII/XIVe sičcles sur les modčles gragolitiques dalmates du XII/XIIIe sičcles. Sur le plan de l'organisation communautaire, l'Eglise des 'chrétiens' de Bosnie et de Hum correspond ŕ peu prčs aux structures des fraternités évangéliques vaudois et ŕ celles des cathares modérés dans l'Occident médiéval. L'Eglise bosnienne a ses membres 'parfaits' - les 'vrais chrétiens et les vraies chrétiennes de la vraie foi apostolique', 'les chrétiens et les chrétiennes qui n'aiment pas le péché' et des adeptes gardant l'espoir de devenir un jour, le plus souvent ŕ la fin de leur vie, des membres ŕ part entičre de l'Eglise bosnienne. Dans le nombre de ces derniers se situe la noblesse de Bosnie et de Hum, tel ce haut fonctionnaire du roi, Batalo Santi} (XIVe sičcle) qui "fut trčs généreux aux bons hommes et trčs illustre parmi les bons chrétiens". (25) Les Ragusains, voisins des Bosniens, reconnaissent dans ces 'chrétiens' - "les patarins, considérés par la population comme religieux, mais qui, en réalité, n'avaient ni rčgle, ni foi, et dont le premier parmi eux est appelé 'djed' (l'aďeul), le deuxičme 'gost' (l'hôte), le troisičme 'starac' l'ancien) et le quatričme 'strojnik' (l'administrateur, le clerc). Du testament de Radin (1466) le 'gost' de l'Eglise bosnienne ressort qu'il croyait "en un seul Seigneur Dieu tout-puissant et la sainte Trinité invisible", implorant "la miséricorde du Tout-puissant pour (son) âme lors du Jugement dernier ŕ la fin des sičcles". Sur la stčle du 'gost' Milutin, originaire de Humsko, on implore la grâce de Dieu pour le défunt. Il semble que les 'chrétiens' de l'Eglise bosnienne, comme beaucoup d'autres contestataires de la société médiévale, militaient pour le retour ŕ la simplicité évangélique du christianisme primitif, l'idéal des disciples du Christ que préconisait le pape réformateur Innocent III. En pratiquant la pauvreté et l'esprit communautaire, vivant en contact permanent avec les marginaux de toute sorte - les miséreux des villes, la paysannerie endettée, les victimes d'explosions démographiques ou celles des transformations économiques et monétaires - les 'chrétiens' de Bosnie et de Hum ont fort bien compris que la surabondance des uns inclut la détresse des autres, mais ils cherchaient en vain l'issue de la crise dans des conceptions pessimistes. Et comme les cathares et les vaudois, les hétérodoxes 'chrétiens' de l'Eglise bosnienne s'opposčrent impétueusement ŕ l'Eglise romaine, ce qui les éloigna des sources męmes du christianisme. N o t e s 1. L. GENICOT, Le XIIIe sičcle européen, Paris 1968, p. 266; G. GEREST, Communautés et mouvements dans le christianisme des 11e et 12e sičcles, Lumičre et Vie, 19/1970, pp. 155-158; F. ŠANJEK, L'initiation cathare dans l'Occident médiéval, Heresis, 21/1993, p. 21. 2. F. ŠANJEK, Albigeois et chrétiens bosniaques, Revue d'histoire de l'Eglise de France, LIX (1973) 163, p. 251; F. ŠANJEK, Les chrétiens bosniaques et le mouvement cathare aux XIIIe-XVe sičcles, Publications de la Sorbonne - N. S. Recherches 20, Paris-Louvain 1976, pp. 41-44; A. MOLNAR, Les vaudois au Moyen âge, Torino 1974; A. BRENON, Survivances cathares dans les manuscrits vaudois au XVe sičcle, Cahiers de Fanjeaux, 20/1985, pp. 135-156. 3. Le pape Innocent III, le 21 novembre 1202, fait état de "quorumdam hominum multitudo <...> qui de damnata catharorum heresi sunt vehementer suspecti et graviter infamati" (Reg. Vat., 5, f. 55v; ŠANJEK, Les chrétiens bosniens, p. 46. Dans l'Occident médiéval, les cathares apparaissent sous divers noms, tels ketzer (Allemagne), ketter (Pays-Bas), kacyr (Bohęme), kacerz (Pologne), etc. Ch. THOUZELLIER, Hérésie et hérétiques, Studi e testi, 116, Roma 1969, pp. 25-36. 4. ANSELME D'ALEXANDRIE, Tractatus de hereticis, éd. A. DONDAINE, La hiérarchie cathare en Italie, 2, ŤArch. Fr. Praedic.ť, 20/1950, p. 308: "Postea Francigene iverunt Constantinopolim <...> et invenerunt istam sectam, et multiplicati fecerunt episcopum, qui dicitur episcopus Latinorum. Postea quidam de Sclavonia, scilicet de terra que dicitur Bossona (c.-ŕ-d. Bosnie), iverunt Constantinopolim causa mercacionis; reversi ad terram suam predicaverunt et, multiplicati, constituerunt episcopum qui dicitur episcopus Sclavonie sive Bossone". 5. G. BESSE, Histoire des ducs, marquis et comtes de Narbonne, Paris 1660, p. 484; F. ŠANJEK, Le rassemblement hérétique de Saint-Félix-de-Caraman (1167) et les églises cathares au XIIe sičcle, ŤRev. d'hist. eccl.ť, LXVII (1972) 3-4, pp. 775-776: "Post haec vero Papa Niquinta dix: Et Eccl Romanae, et Drogometiae, et Melenguiae, et Bulgariae et Dalmatiae sunt divisas et terminatas et una ad altera non facit aliquam rem ad suam contradictionem". Le pape Niquinta s'exprime symboliquement (cfr. Apoc 1, 4-5), mais les controversistes catholiques indiquent, en effet, les noms de sept églises cathares d'Orient - l'église des Grecs de Constantinople, de Philadelphie en Romanie (c.-ŕ-d. sur le territoire de l'Empire de Byzance), de Bulgarie, de Dragovitsa (aux alentours de Plovdiv en Thrace), de Melenguie (Mellenikon, en Macédoine) et de Dalmatie. Le concile nationale de Split, en 1185, reconnaît les hérétiques cathares et patarins sur la côte est de l'Adriatique. Cfr. F. ŠANJEK, La notion de 'création' dans l'Eglise des chrétiens bosniens aux 14e-15e sičcles, ŤRev. d'hist. eccl.ť, XCIII (1998), 1-2, pp. 28-36. Pour la Charte de Niquinta cfr. E. GRIFFE, Les débuts de l'aventure cathare en Languedoc, Paris 1969, pp. 81-83; Ph. WOLFF, Documents de l'histoire du Languedoc, Toulouse 1969, pp. 100-101; J. DUVERNOY, L'histoire des cathares, Toulouse 1979, pp. 216-218. 6. Cfr. F. ŠANJEK, Les relations franco-croates dans le passé (8e-17e sičcles), dans ŤMost/The Bridgeť, 12/1995., pp. 145-149. 7. En effet, le 11 octobre 1200, Innocent III informe Emeric, roi de Hongrie et de Croatie, que "patarenos non paucos de Spalatensi et Traguriensi civitatibus effugasset, nobilis vir Culinus, banus Bossinus, iniquitati eorum non solum tutum latibulum, sed et presidium contulit manifestum, et perversitati eorundem terram suam et se ipsum exponens ipsos pro catholicis, immo ultra catholicos honoravit, vocans eos antonomasice christianos" (Reg. Vat., 5, f. 1v; T. SMIČIKLAS, Codex diplomaticus Croatiae, II, Zagreb 1904, p. 351; F. ŠANJEK, Les chrétiens bosniaques, p. 40). 8. Reg. Vat., 4, f. 185; A. THEINER, Vetera monumenta Slavorum meridionalium historiam illustrantia, I, Romae 1863, p. 6; F. ŠANJEK, Les chrétiens bosniaques, p. 45: "Demum uero paternitatem uestram nolumus latere, quia heresis non modica in terra regis Vngarie, uidelicet Bossina, pullulare uidetur". 9. Reg. Vat., 4, f. 185v; A. THEINER, ibid.; F. ŠANJEK, ibid.: "Ipse Ba(nus) Culinus cum uxore sua et cum sorore sua, qui fuit defuncti Miroscloui (Ch)elmensi, et cum pluribus consanguineis suis seductus, plusquam decem milia christianorum in eandem heresim introduxit". 10. THOMAS ARCHIDIACONUS, Historia Salonitanorum Pontificum atque Spalatensium, éd. F. RAČKI, Monumenta spectatia historiam Slavorum meridionalium, XXVI, Zagreb 1894, pp. 80-82: " erat autem insectator hereticorum ualde sollicitus. Fuerunt namque eo tempore do fratres, filii Zorobabel, quorum alter Matheus, alter uero Aristodius uocabatur. Hi quamuis essent ex patre Apulo, erant tamen a pueritia Jadrenses ciues effecti. Conuersabantur uero ex maiori parte apud Bosnam, quia erant pictores optimi et in auri fabrili arte satis exercitati; competenter etiam latine et sclauonice litterature habebant peritiam. Sed ita erant, fallente diabolo, in baratrum heretice pestis immersi, ut non solum impiam heresim obcecato corde crederent, sed etiam scelestis labiis predicarent. Hos inuenit Bernardus Spalati commorantes, multosque iam pestiferi dogmatis tabe ab eis infectos. Cepit ergo paulatim eos ad catholicam normam miti sermone allicere, frequenter eos conuocans, frequenter exhortans. Sed cum illi heretica calliditate tergiuersantes dissimularent conuerti, statim archiepiscopus fecit omnia bona eos diripi, eosque anathematis uinculo innodatos, cum magno opprobrio de ciuitate expelli. Tunc predicti fratres, uidentes se maximis iniuriis dampnisque affectos, ad mandatum ecclesie sunt reuersi; fecitque eos archiepiscopus suam heresim, tactis sacrosanctis euangeliis, abourare; ipsosque ab excommunicationis nexu debita solempnitate expediens, ipsorum bona restitui fecit. Sic autem omnes illi, qui per ipsos decepti fuerant, ab heretica sunt contagione mundati". 11. D. MANDIĆ, Bogomilska crkva bosanskih krstjana, Chicago-Roma 1979, p. 32; ut supra, note 7. 12. Le ban Kulin aurait envoyé les représentants des incriminés d'hérésie auprčs d'Innocent III. A leux retour, ces chrétiens montrčrent de faux documents selon lesquels le souverain pontife aurait légalisé leurs statuts: "Vnde Rex Vngarie exacerbatus, illos ad uestram presentiam compulit uenire a uobis examinandos. Illi autem simulatis litteris redierunt, dicentes a uobis concessam sibi legem. Vnde rogamus ut Regi Vngarie suggeratis ut eos a regno suo euellat, tanquam zizania a tritico" (Reg. Vat. 4, fol. 185v; A. THEINER, Vetera monumenta, I, pp. 12-13; F. ŠANJEK, Les chrétiens bosniaques, p. 46). 13. Par l'intermédiaire de l'archevęque ragusain, le ban Kulin s'excuse et demande le Sičge Apostolique d'envoyer son représentant pour examiner la situation avant de prendre une décision ŕ l'égard des accusés: "Nos <...> Regi Vngarorum illustri apostolica scripta direximus contra illos, qui prefatum Culinum super hoc arguens et obiurgans precepit, ut huiusmodi homines de tota terra sibi subiecta proscriberet, bonis eorum omnibus confiscatis. Ipse uero semetipsum excusans respondit, quod eos non hereticos, sed catholicos esse credebat, partus quosdam eorum pro omnibus ad sedem apostolicam destinare <...> Nuper ergo prefatus Culinus Venerabilem fratrem nostrum archiepiscopum et dilectum filium archidiaconum Ragusinum et cum eis quosdam ex prefatis hominibus ad nostram presentiam destinauit petens humiliter et implorans, ut aliquem uirum idoneum de latere nostro in terram suam mittere dignaremur, qui tam ipsum quam homines suos de fide ac conversatione diligenter examinet" (Reg. Vat. 5, f. 55v; A. THEINER, Vetera monumenta, I, p. 15; F. ŠANJEK, Les chrétiens bosniaques, p. 46-47). 14. Reg. Vat., 5, f. 55v; A. THEINER, Vetera monumenta, I, p. 15; F. ŠANJEK, Les chrétiens bosniaques, p. 40: "Cum igitur in terra nobilis uiri, Culini Bani, quorumdam hominum multitudo moretur, qui de damnata Catharorum heresi sunt uehementer suspecti et grauiter infamati". 15. Reg. Vat., 5, f. 55v; A. THEINER, Vetera monumenta, I, p. 15; ut supra, note 13. 16. L'acte d'abjuration, signé par sept représentants des chrétiens bosniens, commence par l'invocation "au nom de Dieu éternel, créateur de toutes choses et rédempteur du genre humain, en l'an de l'Incarnation 1203 et en l'an six du seigneur pape Innocent III", etc. Cfr. Reg. Vat. 5, f. 103v; D. FARLATI, Illyricum sacrum, IV, p. 46; A. THEINER, Vetera monumenta, I, p. 20; T. SMIČIKLAS, Codex diplomaticus Croatiae, III, pp. 24-25; D. MANDIĆ, Bogomilska crkva, pp. 527-529; F. ŠANJEK, Les chrétiens bosniaques, pp. 47-50. 17. Aux 'pauvres catholiques' de Durand de Huesca et aux 'humiliés' italiens de Bernard Primm le pape Innocent III permit également de vivre dans des communautés doubles. Cfr. L. ZANONI, Gli Umiliati nei loro rapporti con l'eresia, Milano 1911, pp. 93-100; D. MANDIĆ, Bogomilska crkva, pp. 227-228. 18. Reg. Vat., 5, f. 103v: "Nos autem de cetero non Christianos, sicut hactenus, sed fratres nos nominabimus, ne singularitate nominis aliis Christianis iniuria inferatur" (D. MANDIĆ, Bogomilska crkva, p. 528). 19. Le pape recommande ŕ l'archevęque de Split d'examiner "diligentissime veritatem, et quae secundum catholicam apostolicamque doctrinam inveneritis confirmanda, nostra freti auctoritate, secundunm ritum ecclesie confirmetis" (Reg. Vat. 5, f. 55v; A. THEINER, Vetera monumenta, I, p. 15). Il semble toutefois que l'archevęque de Split ne s'entremęlat de l'affaire qui de droit appartenait ŕ l'église métropolitaine de Dubrovnik. Cfr. F. ŠANJEK, Les chrétiens bosniaques, pp. 47 et 51. 20. Cfr. Ch. THOUZELLIER, Catharisme et valdéisme en Languedoc ŕ la fin du XIIe et au début du XIIIe sičcle, Marseille 1982, pp. 225 et 232; ut supra, note 17. 21. Cfr. ut supra, note 17. 22. E. MARTENE - U. DURAND, Thesaurus novus anecdotorum, I, Paris 1717, col. 901-903; F. ŠANJEK, Albigeois et chrétiens bosniaques, pp. 252-256; Les chrétiens bosniaques, p. 78: "Ecce quod vidimus in finibus B, Croatiae et Dalmatiae iuxta Hungaricam nationem, ut per antipapammoras antichristi de cetero breviores esse minime dubitetur <...> ad confluunt Albigenses, ut ad eorum consulta respondeat, eius inhiantes doctrinis, et eius damnati sectae iudicia complectens", etc. 23. A. DONDAINE, La hiérarchie cathare en Italie, 1, ŤArch. Fr. Praed.ť, 19/1949, pp. 306-312; F. ŠANJEK, Albigeois, pp. 261-267; Les relations franco-croates, pp. 147-148. 24. Cfr. G. AMATI, Processus contra valdenses in Lombardia superiori anno 1387, ŤArch. st. ital.ť, III, 1865, pp. 53-57; M. ESPOSITO, Un auto da fé ŕ Chieri en 1412, ŤRev. d'hist. eccl.ť, XLII (1947), pp. 423-431; M. LOOS, Les derniers des cathares de l'Occident et leurs relations avec l'Eglise patarine de Bosnie, Historijski zbornik, 29-30/1976-1977, pp. 117-123; F. ŠANJEK, Derničres traces de catharisme dans les Balkans, Cahiers de Fanjeaux, 20/1985, pp. 122-124. 25. Cfr. F. ŠANJEK, Les chrétiens bosniaques, pp. 97-99; La notion de 'création', p. 27. R é s u m é Au cours de la seconde moitié du XIIe sičcle, la chrétienté européenne fut submergée par de nombreux courants réformistes militant pour le renouveau de la vie religieuse et le triomphe de l'idéal évangélique sur un christianisme inféodé et laďcisé. Les prédicateurs de religion sans clercs et sans domination cléricale s'élčvent contre l'Eglise et la société des privilégiés, appelant au combat pour la liberté spirituelle et le renouveau de la pauvreté évangélique. La plus grave menace pour l'unité du christianisme européen émane de l'hérésie cathare ou patarine, professant le dualisme absolu ou modéré, qui s'installa en France, sur la péninsule italienne, dans le cités en bordure du Rhin et sur la côte dalmate. Aprčs l'avčnement d'Innocent III, les patarins de la côte dalmate infestent les régions de Bosnie et de Hum (Herzégovine) et, s'infiltrant dans le clergé catholique, gagnent la confiance d'un nombre croissant des fidčles qui finissent par abandonner la pratique des sacrements de l'Eglise romaine pour suivre leurs enseignements orthodoxes. Averti par le prince de Dioclée, le pape Innocent III, ŕ son tour, le 11 octobre 1200 informa Emeric, roi de Hongrie et de Croatie, que le ban Kulin, seigneur de Bosnie, avait offert l'asile aux patarins que l'archevęque de Split chassa de sa juridiction. Le 21 novembre 1202, le souverain pontife avisa ledit archevęque qu'un "grand nombre d'hérétiques, adeptes de l'hérésie cathare, se terrent dans les contrées de Bosnie et de Hum". Innocent III s'empressa y dépęcher Jean de Casamare ŕ titre de légat pontifical. Dans la plaine de Bilino, prčs de l'actuelle ville de Zenica, le 8 avril 1203, les représentants des patarins bosniens, suspects de l'hérésie cathare, en présence du légat Jean de Casamare et des autorités ecclésiastiques et civiles publiquement abjurčrent "l'hérésie manichéenne, dont ils furent suspects et diffamés, et promirent dans toutes leurs églises avoir des autels et des croix". Les représentants des hétérodoxes de Bosnie et de Hum s'engagent aussi de s'intituler frčres et non pas chrétiens par excellence (antonomasice christianos!), "pour que la singularité du nom ne porte pas préjudice aux autres chrétiens". Sur le modčle des 'Actes d'abjuration' de Bilino polje, le pape Innocent III reconnut les nouvelles fraternités des pauvres catholiques de l'Aragonais Durand de Huesca (1208) et des humiliés italiens de Bernard Primm (1210). R é s u m é Au moment oů les autorités ecclésiastiques et civiles s'acharnent contre le mouvement cathare, qui remet en cause la société établie, les hétérodoxes chrétiens de Bosnie et de Hum (Herzégovine) s'infiltrent dans le clergé de l'Eglise romaine et gagnent la confiance d'un nombre croissant de fidčles, qui finissent par abandonner la pratique des sacrements de l'Eglise pour suivre leurs enseignements hétérodoxes. Les milieux catholiques confondent ces chrétiens avec les sectaires cathares, patarins et manichéens, leurs reprochant de professer une sorte de dualisme modéré, ce qui est trčs difficile ŕ prouver au vu de leurs sources propres. Dans la plaine de Bilino, prčs de Zenica actuelle, le 8 avril 1203, les représentants de ces chrétiens, en présence du 'ban Kulin, seigneur de Bosnie et du légat pontifical Jean de Casamare, abjurčrent l'hérésie manichéenne, dont ils furent suspects et diffamés, et promirent avoir des autels et des croix, lire le Nouverau et l'Ancien Testament, et pour se distinguer des autres séculiers par la vie et le comportement ils s'engagent ŕ porter des vętements fermés, non colorés et mesurés jusqu'aux pieds. Ils s'engagent aussi de s'intituler désormais frčres et non chrétiens par excellence, pour que la singularité du nom ne porte pas préjudice aux autres chrétiens. Sur l'Acte d'abjuration des chrétiens bosniens le pape Innocent III reconnut les nouvelles fraternités des pauvres catholiques de l'Aragonais Durand de Huesca (1207) et des humiliés italiens de Bernard Primm (1210). En opposition aux écrits catholiques et orthodoxes, identifiant les chrétiens de Bosnie et de Hum avec les cathares et les iconoclastes, les sources propres ŕ l'Eglise bosnienne considčrent ces chrétiens Ťbaptisés dans la vraie foi apostolique, reconnaissant la Trinité, admettant Jésus Fils unique de Dieu, croyant la grâce divine indispensable pour le salut des hommesť etc. Imprégnés d'authentique vie apostolique et nourris de l'Ecriture sainte, les membres de l'Eglise bosnienne entendent par l'imposition des mains et du livre des Evangiles revenir ŕ la simplicité et la pureté de l'Eglise primitive - c'est pourquoi ils se disaient chrétiens et chrétiennes. 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